Projets complétés
La représentation de l'espace habitable dans l'imaginaire de l'arrivant : définir l'habitabilité dans le discours de l'Autre
Projet réalisé grâce à une bourse postdoctorale du CRSH, 2008-2010
Au fil des lectures et des réflexions entreprises dans le cadre de mes recherches doctorales, qui portent sur la représentation du processus d'identification dans le discours romanesque nord-américain, j'ai pu constater, au sein de la littérature des années 1980 à nos jours, une importante modification dans le rapport qu'entretient le « nous » collectif, c'est-à-dire les membres du groupe de référence identitaire, à la figure de l'altérité. La figure de l'Autre, qu'elle se définisse par sa race, son sexe, son rang social ou sa langue, joue désormais un rôle actif dans la (re)définition des identités collectives en accord avec le contexte d'interaction sociale qu'amènent les mouvements de la mondialisation et des échanges culturels. Cette réhabilitation de la figure de l'Autre dans l'imaginaire collectif devrait donc, en toute logique, laisser de plus en plus de place à une prise de parole à travers laquelle cet Autre pourrait raconter son expérience en tant qu'altérité : d'objet d'étrangeté, il devient alors le sujet-énonçant d'un discours identitaire. C'est ce discours de l'Autre, où s'entrecroisent les expériences sociales, culturelles et historiques d'un ailleurs référentiel (qu'il s'agisse d'un pays, d'une région ou, simplement, d'une condition sociale) et la nouvelle réalité d'un ici à définir, que j'aimerais analyser dans le cadre de mes recherches postdoctorales.
Fictions de la Franco-Amérique (avec Jean Morency)
Projet de recherche financé par le CRSH, 2009-2012
Depuis les années 1980, une nouvelle image du Canada français et de la Franco-Amérique (Louder, Morisset et Waddel, 2001), se profile autant dans l'univers du roman canadien-français que canadien-anglais et même étatsunien. Si certains romans emblématiques de Jacques Poulin (Volkswagen Blues), Roch Carrier (Petit Homme Tornade), Daniel Poliquin (L'Obomsawin), Nicolas Dickner (Nikolski) et Michel Tremblay (La traversée du continent) illustrent bien ce phénomène, la même tendance peut être observée aux États-Unis, comme chez Russel Banks (Continental Drift), Philip Roth (The Great American Novel) et Annie Proulx (Accordion Crimes), ainsi qu'au Canada anglophone, que ce soit chez Alistair MacLeod (No Great Mischief) ou D.Y. Béchard (Vandal Love). Tout se passe comme si le Canada français, défini souvent comme une réalité révolue et disparue à jamais, se trouvait tout à coup réinvesti par de nombreux romanciers, qu'ils soient de langue française ou anglaise. Il y a là un phénomène extrêmement intéressant à observer, qui met en évidence le caractère incontournable du fait français au Canada et aux États-Unis, et ce au moment même où cette réalité est menacée de disparition.
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