Les Eudistes se voient rapidement au service de leur communauté d'accueil. Durant les premières années d'existence du Collège, on cherche notamment à recruter des étudiants acadiens de la Nouvelle-Écosse. La tâche n'est pas toujours facile et le nombre d'Acadiens inscrits fluctue beaucoup au fil des ans. À titre d'exemple, en 1896, le Collège compte 86 élèves dont 46 Acadiens de Clare et d'Argyle, alors que, l'année suivante, l'annuaire de 1897-1898 présente une liste de 99 élèves qui sont majoritairement des Acadiens provenant de différentes régions allant de Weymouth à Pubnico. Des diplômés du Collège des années 1940 et 1950 racontent par ailleurs qu'ils n'ont jamais fait de demande d'inscription officielle ; c'étaient plutôt les pères qui avaient communiqué avec leurs parents pour les recruter.
Conscients de leur milieu, les Eudistes hésitent aussi à hausser les frais de scolarité, et ce, en dépit des difficultés financières. Ils craignent qu'une telle hausse, qui aurait un impact immédiat sur la famille de leurs élèves, prive les jeunes acadiens d'une éducation supérieure. Des anciens racontent entre autre qu'ils ne payaient qu'une partie de leurs frais de scolarité et de résidence ; en échange, ils rendaient des services au Collège. Certains d'entre eux travaillaient comme portiers, d'autres effectuaient des travaux sur la ferme ou des travaux d'entretien. Même dans les années 1960, les pères eudistes hésitent à augmenter les frais de scolarité alors que cela semble inévitable en raison de la proportion toujours grandissante de professeurs laïcs.