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Jeune garçon d'environ 3 ans en colère qui pleure avec une tablette en main

Pointe-de-l'Église (N.-É.), le 7 octobre 2024 – Une nouvelle étude réalisée par la professeure associée Caroline Fitzpatrick et la professeure Élizabeth Harvey du Département des sciences de l’éducation sur l’effet de l’utilisation des tablettes électroniques chez les jeunes enfants grimpe l’attention des médias à l’échelle internationale.

De 2020 à 2022, une équipe de chercheurs dirigée par la professeure Fitzpatrick, a examiné chez une cohorte de jeunes enfants le lien entre l’utilisation de tablettes et les accès de colère des tout-petits. Les résultats de cette étude ont révélé que les enfants qui utilisaient plus souvent des tablettes avaient tendance à manifester plus de colère un an plus tard. Cette découverte a été détaillée dans leur article scientifique « Early-Childhood Tablet Use and Outbursts of Anger » publié dans la prestigieuse revue JAMA Pediatrics de la American Medical Association.

L’omniprésence des tablettes chez les jeunes enfants (la majorité des enfants de 4 ans en possèdent une, selon un échantillon américain) et l’incertitude quant à l’impact de ceux-ci sur le développement des enfants fait en sorte que des études de qualité comme celles-ci attirent l’attention des médias. C’est ainsi que cette étude a fait parler d’elle dans le monde entier, en étant présentée dans des agences de presse telles que ABC, CBS, CNN, CTV, the Daily Mail, Forbes, Fox, New York Post, Radio-Canada, The Times, Washington Times et bien d’autres encore.

L'étude

La nouveauté

Bien que certaines études aient tenté de mettre en lumière les effets des appareils électroniques tels que les tablettes sur les tout-petits et les jeunes enfants, elles ont rarement suivi les mêmes enfants pendant plusieurs années. En revanche, l’étude publiée par les professeures Fitzpatrick, Harvey et leurs collègues a suivi une cohorte de plus de 200 enfants néo-écossais pendant trois ans. Leur enquête a permis de recueillir plusieurs données consécutives sur l’utilisation des appareils et les accès émotionnels de ces mêmes enfants, ainsi que des données démographiques et socio-économiques sur leurs familles. En suivant les individus dans le temps, ils ont pu introduire leurs données dans un modèle statistique rigoureux qui permettait de comparer l’enfant avec lui-même, venant ainsi contrôler les influences d’autres facteurs comme ceux liés à la famille ou au statut socio-économique.

Résultats principaux

Les chercheuses ont constaté que l’utilisation de la tablette à l’âge de 3,5 ans favoriserait une expression plus fréquente de la colère et de la frustration un an plus tard.

Quoique les résultats soient significatifs, la raison pour laquelle un usage accru de la tablette conduit à des accès de colère davantage n’est pas entièrement comprise.

« Bien qu’il soit nécessaire de poursuivre les recherches sur les mécanismes par lesquels l’utilisation aux tablettes conduit à une plus grande manifestation de colère, notre étude suggère néanmoins que les parents et gardiens d’enfants devraient faire preuve de grande prudence lorsqu’ils choisissent d’exposer leurs jeunes enfants à ces appareils électroniques. »

– Professeure Élizabeth Harvey

Une autre constatation préoccupante est qu’il pourrait y avoir un cercle vicieux qui mène vers des difficultés de régulation émotionnelle.

« Notre hypothèse était qu’une utilisation plus importante de la tablette par les enfants serait associée à des manifestations plus fréquentes de colère et, en retour, que les enfants plus colériques en viennent à augmenter leur utilisation de la tablette. »

– Professeure Caroline Fitzpatrick

Les résultats indiquent que cela pourrait être le cas. Les enfants de 3,5 ans qui ont utilisé plus souvent des tablettes électroniques ont eu des épisodes de colère plus fréquents ou plus intenses à 4,5 ans. Au cours de la troisième année, soit à 5,5 ans, ces mêmes enfants utilisaient les appareils encore plus souvent. Ces résultats tentent à démontrer que l’usage des tablettes pour calmer les émotions des jeunes enfants risquent d’exacerber le problème à long terme.

Les auteures discutent des explications possibles de cet effet. Elles soulignent que des recherches antérieures ont mis en évidence que les jeunes enfants sont très sensibles à leur environnement et doivent être exposés à diverses opportunités d’apprentissage pour développer leurs compétences en autorégulation. L’adoption de saines stratégies de régulation émotionnelle des parents et la parentalité axée sur les émotions (comme lorsque les parents fournissent un coaching émotionnel à l’enfant) sont des pratiques efficaces pour favoriser le développement des enfants. Le temps passé sur un appareil électronique pourrait être en train d’évincer le temps que l’enfant aurait autrement en interaction sociale avec ses parents ou ses pairs, réduisant ainsi ses possibilités d’apprentissage.

Limites et occasions de recherches futures

Les auteures ont pris soin de préciser les limites de leur étude ainsi que les possibilités de recherche future qui en découlent.

Par exemple, l’étude s’est déroulée pendant la pandémie de la COVID-19, à différents stades des ordres de confinement, avec des participants qui ont choisi de répondre au questionnaire. Une étude postpandémique est nécessaire pour mettre en lumière la généralisation de ces résultats à d’autres contextes.

De plus, l’un des paramètres qui n’a pas été pris en compte est le contenu visionné sur la tablette. On pourrait supposer que des contenus différents sur la tablette pourraient influencer les résultats. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’utilisation des médias numériques par les enfants et le vivre-ensemble : une vision écosystémique à l’Université de Sherbrooke, la professeure Fitzpatrick et ses collègues entreprennent d’autres projets de recherche pour examiner ce potentiel d’effets distincts.

À propos de l’équipe interuniversitaire derrière cette étude

Cette étude fut réalisée par :

  • Caroline Fitzpatrick, professeure au Département de l’enseignement au préscolaire et au primaire de l’Université de Sherbrooke et professeure associée au Département des sciences humaines de l’Université Sainte-Anne

  • Élizabeth Harvey, professeure au Département des sciences de l’éducation de l’Université Sainte-Anne

  • Annie Lemieux, professionnelle de recherche de l’Université de Sherbrooke

  • Pedro Mario Pan, chercheur de l’Universidade Federal de São Paulo

  • Fabricio de Andrade Rocha, chercheur postdoctoral de l’Université de Sherbrooke

  • Gabrielle Garon-Carrier, professeure au Département de psychoéducation l’Université de Sherbrooke

À propos de l’Université Sainte-Anne

L’Université Sainte-Anne, la seule université francophone en Nouvelle-Écosse, offre des programmes d’études universitaires et collégiales ainsi que des programmes d’immersion et de formation sur mesure en français langue seconde. Reconnue pour l’excellence de ses programmes et son milieu de vie unique et exceptionnel, elle offre des occasions d’apprentissage expérientiel favorisant l’engagement et la réussite des étudiantes et étudiants et un contexte favorable à l’établissement d’une culture d’excellence en recherche et en développement. Résolument ancrée dans son milieu, elle est un partenaire de choix pour accroître la vitalité des régions entourant ses campus et de l’Acadie de la Nouvelle-Écosse dans son ensemble.

Pour plus d’information      

Gilles Saulnier, Agent de mobilisation des connaissances
Université Sainte-Anne
Tél. : 902-260-5141
Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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